C'est tellement facile de pénétrer dans ce monde , mais est-il si facile de le quitter ?
Le texte ci dessous va nous renseigner d'avantage sur " l'univers virtuel " , et ses conséquences .
Après le Japon et les États-Unis, la folie des jeux massivement multijoueurs gagne la France. Tous les jours, des centaines de milliers d'adultes et adolescents se projettent, via l'Internet, dans des univers virtuels pour y vivre de spectaculaires aventures. Un loisir numérique qui peut aussi devenir une véritable drogue.
Une nouvelle mode est entrain de gagner l'Hexagone. Celle des jeux massivement multijoueurs auxquels on accède sur Internet grâce à un CD acheté dans le commerce. Des jeux d'aventures ou de rôle qui ne peuvent se jouer qu'en ligne dans de véritables et incroyables mondes virtuels aussi appelés «univers persistants». Chaque internaute y évolue via un avatar». Une représentation virtuelle de soi que l'on fabrique à son goût.
Par exemple un superhéros dans « City of heroes », un elfe dans « World of Warcraft », un barbare ou un orc dans « Everquest », un rebelle dans « Anarchy online »... Des dizaines d'univers persistants existent avec des quêtes sans fin.
« ça va faire deux ans que je suis drogué à « Everquest » explique Julien, 19 ans, un étudiant caennais qui ne compte plus ses heures devant son ordinateur. Un étudiant anonyme dans le monde réel. Un redoutable elfe noir de 8e classe dans « Everquest » où il est connu sous le pseudo de « kanaak ».
Le joueur évolue dans un monde virtuel où il faut être «le plus fort».
« On ne te juge pas »
Son but: « Évidemment devenir le plus fort. » En collectant des items (pouvoirs), en remportant des combats. « Dans les univers persistants, on ne te juge pas sur qui tu es, sur ton physique, ton rang social ou ton niveau d'étude. Tout le monde part avec les mêmes chances. C'est l'habileté qui fait la différence. » Aussi le nombre d'heures passées devant l'écran.
Stéphane, 28 ans, est ingénieur commercial à Nantes. « Ça fait des années que je suis adepte des jeux en réseaux et je viens de rentrer dans « World of Warcraft ». » II troque son costume trois pièces et son argumentaire marketing contre une armure et des sorts magiques. « Je n'ai pas trouvé mieux pour me défouler et oublier mes soucis. C'est aussi fantastique de jouer contre des avatars d'humains et non contre une intelligence artificielle. Sans le savoir, je peux me trouver face à mon voisin du dessous ou à un Japonais habitant Tokyo. »
Le phénomène suscite aussi des inquiétudes. Au Japon et aux États-Unis, de plus en plus d'adolescents et d'adultes ont fait le choix de vivre une majeure partie de leur temps dans les univers persistants. Ils ont totalement décroché de la vie réelle avec, parfois des suicides à la clé.
Michael Stora, fondateur de l'Observatoire des mondes numériques.
« Tous des héros en salle d'attente »
« Le danger des jeux massivement multijoueurs est qu'ils n'ont pas de fin » explique Michael Stora, psychanalyste et fondateur de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. « Ce sont des jeux tyranniques qui sont très captivants et laissent une sensation d'inachevé lorsque l'on éteint l'ordinateur. »
Mais pour le psychanalyste, ces jeux « ne sont que des révélateurs des malaises de notre société. Du manque de confiance. De l'image de soi défaillante. Des difficultés au sein de la cellule familiale. Nous sommes écrasés par tous les idéaux véhiculés: ceux du corps, de la réussite. On est aussi tous des héros en salle d'attente. »
Des idéaux accessibles dans les mondes virtuels, même « si ce ne sont que des illusions ». Une forme de fuite qui peut devenir une vraie drogue. Autre aspect étonnant. « Ces jeux multijoueurs sont très hiérarchisés et rigides. Des jeunes y trouvent la hiérarchie absente de leur foyer. » Là encore, un signe révélateur. « D'ici à 2010, on estime à 10 millions le nombre de Français qui joueront dans les univers virtuels. »
Samuel NOHRA.
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